Le cadeau

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La nouvelle « Le cadeau » a été inspirée par la photo ci-contre.
L’action de cette histoire se déroule le matin de Noël au moment de l’ouverture des cadeaux.

 
Photo postée par un membre sur le groupe « Nos lectures MM et nous ».
Je ne connais pas l’origine de cette photo. Elle est uniquement une source d’inspiration pour une nouvelle gratuite. En aucun cas, elle ne sera utilisée à des fins commerciales.

Dès qu’il ouvrit les yeux, Yvan sentit qu’il y avait un problème. Le cerveau encore embrumé par le sommeil, il resta immobile pendant quelques secondes. Sa main bougea pour caresser Victor, mais ne rencontra que des draps froids. L’absence de son petit ami termina de le réveiller. Tout à coup, il se souvint que c’était Noël et se leva d’un bond.

— J’ai oublié de déposer les cadeaux sous le sapin !

Sans réfléchir ni prendre la peine de s’habiller, il courut vers le salon. Il devait réparer sa bêtise avant que Victor ne la remarque. Lorsqu’il arriva près de l’arbre, il repéra tout de suite l’unique présent joliment emballé qui s’y trouvait déjà.

Mais ce qui le frappa le plus, c’était le paquet bien plus gros que ce qu’il espérait. Il s’en empara et observa le papier doré avec dépit.

— Victor, tu ne peux pas avoir oublié ! se lamenta-t-il.

C’est alors qu’il perçut le silence qui régnait autour de lui et surtout, l’enveloppe glissée sous le ruban blanc du cadeau. Ses insécurités se réveillèrent et le doute s’insinua en lui. Il ferma les yeux pour réfléchir. Victor avait déserté le lit, puis l’appartement. Ce n’était pas bon signe, pas bon signe du tout.

Il se laissa tomber dans un fauteuil. Son petit ami souhaitait-il le quitter de cette façon ? Après lui avoir offert un merveilleux réveillon et une nuit intense, oserait-il lui annoncer leur rupture dans un paquet cadeau ? Soudain, il n’était plus certain de désirer connaître la réponse.

Mais après tout, rester dans l’ignorance ne lui apporterait rien. Autant arracher le pansement tout de suite. Incapable d’attendre plus longtemps, il déchira l’enveloppe pour lire son contenu.

« Je suis désolé, je ne serai pas présent quand tu découvriras ton cadeau. Pardon.

Victor. »

— C’est quoi ce bordel ? s’exclama Yvan.

Ça aurait dû être leur moment. Ils auraient dû rire et s’embrasser, peut-être même faire l’amour… Et Victor s’était tiré comme un lâche. Espérait-il vraiment qu’il lise une lettre de rupture, accepte le cadeau qui l’accompagnait sans doute et quitte les lieux sans demander aucune explication ?

Énervé, Yvan arracha l’emballage doré et ouvrit le carton. Une autre boîte plus petite, mais enveloppée à l’identique, apparut. Le ruban et le papier qui le recouvraient furent retirés sans précaution aucune. Encore une fois, il trouva un paquet, lui aussi paré des mêmes atours.

— Tu me fais chier, Victor ! grommela-t-il. Je ne devrais pas avoir envie de découvrir ce truc débile.

Pourtant, la curiosité prit le dessus et le doute s’estompa. L’obliger à ouvrir plusieurs emballages inutiles pour finalement obtenir un mot qui lui annonçait leur rupture lui apparaissait très cruel, tout à coup. Et Victor était gentil, compatissant, compréhensif et protecteur. Parfois, il se montrait impatient, grognon ou râleur, mais il n’était jamais méchant.

Rassuré, il s’empressa de déchiqueter le papier. La boîte était pleine de chips de polystyrène. Il soupira et renversa son contenu sur le sol. Enfin, il trouva un dernier cadeau bien plus court et plus plat que les précédents. Celui-ci était paré d’un emballage rouge brillant, mais toujours entouré d’un ruban blanc. Moins énervé, il l’ouvrit avec plus de soin.

— Une coque de smartphone, geignit-il. Tout ça pour ça !

— Et si tu dézippais la pochette arrière de cette coque, proposa Victor.

Yvan sursauta. Il se tourna vers la baie vitrée. Son petit ami était sur le balcon. Ce dernier avait pris la précaution d’enfiler un gros anorak et de porter des gants et une écharpe. Une pensée frappa Yvan, cet idiot l’observait depuis le début, c’était plus qu’une évidence.

— Pourquoi toute cette mise en scène ? interrogea-t-il, d’un ton grognon.

— Regarde dans la pochette arrière, éluda Victor en souriant.

Yvan leva les yeux au ciel. Pourtant, il s’exécuta et découvrit une clé accrochée à la coque par un fin lacet en cuir. Étonné, il resta figé quelques secondes, avant de remarquer que Victor s’était déplacé. Ce dernier s’agenouilla devant lui.

— Qu’est-ce que tu en dis ? Acceptes-tu de vivre avec moi ?

— Oui, murmura Yvan.

Ensuite, il oublia le cadeau, les chips qui s’éparpillaient sur le tapis, le froid du blouson de son amant et se jeta sur lui pour l’embrasser avec passion. Déséquilibré, Victor tomba sur le dos. Allongé sur le sol, il reçut la fougue de son petit ami avec enthousiasme et y répondit avec ardeur. Ce dernier n’eut qu’un mot quand enfin leurs lèvres se séparèrent.

— Pourquoi ?

Le visage de Victor s’illumina d’un rictus moqueur.

— Je voulais que tu agisses avec sincérité. Si je m’étais trouvé à tes côtés, tu aurais grimacé un sourire faux en murmurant « Merci, mon téléphone va être bien protégé. C’est sympa. ». Alors que là, tu étais tellement surpris de me voir que tu as suivi le fil des évènements sans y penser.

— Donc, mon cadeau, c’est une coque de téléphone-porte-clefs. C’est sympa, se moqua Yvan d’un ton traînant.

Victor s’esclaffa, avant de lui faire un clin d’œil.

— Vénère mon génie, s’il te plaît, plaisanta-t-il. La seule chose que tu ne perds jamais, c’est ton portable. J’ai pensé que c’était une bonne idée de trouver une coque qui te permettrait de ne pas égarer sans arrêt la clé de ta maison.

— Crétin ! grommela Yvan. Avec tes âneries, je suis nu et toi, tu es bien trop habillé pour ce que j’ai envie de te faire…

Le sourire de Victor s’épanouit.

— C’est mon second cadeau. Déshabille-moi ! je sais que tu adores ça.

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