Deux elfes impétueux (5/8)

Bonjour ☃️

C’est l’heure de la cinquième suite de « Deux elfes impétueux ».
Bonne lecture ☃️

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Deux elfes impétueux (partie 5)

Jonas soupira, ses pensées s’égarèrent vers le début de leur cohabitation dans le même bureau. Les trois premiers mois, ils avaient cohabité dans un espace bien trop exigu pour eux deux. Mais après quelques jours, ils avaient déplacé les meubles de façon à ne pas avoir à déranger l’autre trop souvent. Au fil du temps, ils s’étaient tous les deux détendus et peu à peu, ils avaient appris à se connaître. L’amitié s’était installée. Après ses réunions matinales quotidiennes avec Fizelot, retrouver Ludovic et sa gentillesse était régénérant.

Mais je ne me suis jamais assez relaxé pour lui parler de Damien.

Ce dernier venait de le quitter, à son grand soulagement. Comment aurait-il pu expliquer sa relation catastrophique avec celui qu’il considérait comme un ex depuis plus de deux ans ? Damien s’accrochait tant qu’il avait été long de mettre un terme définitif à leur liaison. Leur histoire était finie, ils le savaient tous les deux, mais Damien refusait la rupture.

Jonas voulait bouger, évoluer, acheter une maison, s’installer. Damien souhaitait que rien ne change. Il aimait leur vie insouciante. Elle lui donnait l’impression d’être encore jeune, alors qu’il approchait la quarantaine. Il désirait qu’ils restent toujours légers, qu’ils continuent à sortir et s’amuser sans penser au lendemain. Après une période de disputes incessantes, Jonas avait jeté l’éponge. Leur couple n’existait plus, il ne leur voyait plus d’avenir commun sans que l’un des deux ne soit malheureux. Une séparation devenait inévitable.

Quand il avait annoncé à Damien qu’il souhaitait rompre, tous ses ennuis avaient commencé. Damien l’avait d’abord supplié de ne pas le quitter. Ensuite, il avait montré des signes de dépression et enfin, il avait entrepris de le retenir avec un chantage au suicide. Alors qu’il aurait dû déménager de leur appartement quinze jours plus tard, Jonas s’était retrouvé devant un choix impossible. Soit, il persistait et confirmait la rupture, au risque que Damien mette sa menace à exécution. Soit, il restait et devait supporter de vivre avec un homme qu’il n’aimait plus. Pendant deux mois, il avait subi sa vie de couple sans trouver d’autre solution.

Un soir, Jonas n’avait pas pu rentrer chez lui. Il avait eu besoin de prendre une pause et d’oublier pour un instant son existence pourrie. Au bout du rouleau, il avait rendu visite à sa sœur, Kathy. Épuisé et fragilisé par la situation, il n’avait pas résisté longtemps à son inquiétude et à ses questions. En vrac, il lui avait tout révélé. Et ça avait été un tel réconfort qu’il avait pu rentrer chez lui un peu plus serein.

Avec son œil extérieur, Kathy avait analysé les choses avec plus de froideur et compris bien plus vite que lui les desseins obscurs de Damien. D’ailleurs, c’est elle qui avait eu l’idée d’une demande de mutation qu’il ferait passer pour une promotion impossible à refuser. En moins de trois mois, il l’avait obtenue.

Et depuis un an et demi, chaque week-end, il effectuait des allers-retours. Il quittait l’homme qui lui plaisait pour retrouver celui qu’il avait fini par détester. Par chance, Kathy avait raison, ce que Damien voulait, c’était garder son pouvoir sur lui en vampirisant son attention. Il désirait continuer à être le centre du monde de Jonas. Ne plus l’être que deux jours par semaine ne l’avait pas comblé très longtemps. Mais il avait fait traîner les choses jusqu’à ce qu’il rencontre quelqu’un d’un peu plus sérieux qu’un coup d’un soir. C’est pour cette raison que Jonas avait pris son vendredi. Avec Damien, ils avaient rendez-vous pour signer la dissolution de leur Pacs. Mais le plus important, Jonas en avait profité pour effectuer toutes les démarches afin de se désolidariser des comptes, de l’appartement et des assurances…

Depuis son retour, son bonheur d’être enfin libre lui donnait des ailes. Et lundi soir, alors qu’il pensait que tout irait bien, qu’il pourrait lui dire ce qu’il ressentait, tout avait mal tourné.

Plongé dans ses réflexions, Jonas sursauta lorsque Ludovic se leva de son bureau et passa son manteau. S’il désirait avoir une chance d’être son cavalier à la fête de Noël du comité, il devait mettre les choses au point, tout de suite.

— Ludo, l’interpella-t-il. Dis-moi quel est le problème. Tu boudes et je ne sais pas ce que tu me reproches.

— Je ne comprends pas, grommela Ludovic.

— Arrête ! Tu ne m’as pas adressé plus de trois phrases depuis mardi matin. Qu’est-ce que j’ai fait ?

— Mais rien ! Tout va bien.

— D’accord. Donc demain, nous nous rendons ensemble à la soirée de Noël.

Ludovic tressaillit.

Quelle idée idiote ! Et ensuite, quoi ? Il lui présenterait son nouveau copain et le planterait là. Non merci.

— Non. On s’y rejoindra. Blanchard veut que je l’emmène. Sa femme a besoin de la voiture.

— Elle ne l’accompagne pas ?

— J’en sais rien, moi ! râla Ludovic. Je ne l’ai pas soumis à un interrogatoire, non plus ! J’ai juste accepté.

Jonas abandonna la partie et le laissa rentrer chez lui. Il existait un gros malentendu entre eux et il lui fallait le régler. Mais comment ? Sa seule chance serait de profiter de la soirée. Même sous un déguisement et masqué, il reconnaîtrait Ludovic n’importe où. Il l’avait assez observé pour connaître sa façon de marcher, sa posture quand il discutait, ses gestes inconscients, sa manière de tenir un verre… Il remarquerait le moindre détail qui le distinguait des autres.

Mais d’abord, il devait obtenir la certitude que Ludovic venait de lui mentir. Sans attendre, il se rendit dans le bureau d’Étienne Blanchard.

— Étienne, hésita-t-il, tu vas trouver ça bizarre, mais… as-tu besoin d’un chauffeur pour la fête de demain ?

— Non, pourquoi ?

Jonas s’invectiva en silence, quel idiot il était de s’y prendre aussi mal. Ça ne lui disait pas si Ludovic l’emmenait ou pas.

— Tu seras accompagné ?

— Comme chaque année, ma femme sera là. Pourquoi toutes ces questions ?

— Rien… euh… en fait, je ne suis pas sûr de récupérer ma voiture au garage, demain. Mais je demanderais à Ludo. Excuse-moi, je dois y aller.

Étienne Blanchard le regarda sortir avec stupéfaction. Il cessa vite de s’inquiéter à propos de l’attitude étrange de Jonas. S’il ne voulait pas rentrer trop tard, il devait terminer le pointage de ce compte.

Jonas se pressa de partir. Maintenant qu’il était sûr du mensonge, il savait comment réagir.

(à suivre…)

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