Pour l’Amour d’un Ange (épisode 10)

Dans cette dixième suite de Pour l’Amour d’un Ange, les invités inattendus se révèlent un peu trop envahissants pour Damon et Julien.

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Pour l’Amour d’un Ange

Épisode 10 : Les êtres supér… chiants

La suite du repas se déroula dans une ambiance en demi-teinte. Gabriel et Lucifer tentaient bien de détendre l’atmosphère, mais Damon et Julien n’étaient pas à l’aise. Le premier se demandait pourquoi son enveloppe de démon n’avait toujours pas disparu. Habituellement, il reprenait son physique terrien dès sa mission terminée. Tout à coup, il n’y tint plus.

— Pourquoi ne suis-je pas redevenu humain ? grommela-t-il.

— Voyons, Agthuxaz, réfléchis ! Nous savons tous les trois qui tu es, il n’y a aucune raison que tu changes ton apparence réelle, lui répondit Lucifer.

— Je vais demeurer sous cette forme en permanence ? s’écria Damon, mais je ne vais plus pouvoir sortir de chez moi !

— Mais non, les humains te percevront comme l’un des leurs. Mais nous, il est normal que nous te voyions tel que tu es. Tu n’auras plus à cacher ta nature.

— Pourquoi ?

— Tu n’as plus qu’une mission, celle de protéger Camaël. Pourquoi voudrais-tu apparaître aux yeux d’un mortel sous ton enveloppe réelle ?

— Je ne comprends pas tout, mais tant pis. J’aurais juste préféré rester beau pour Julien.

Ce dernier se tourna vers Damon, soudain, il s’expliqua la raison du malaise qu’il ressentait depuis le moment où son démon l’avait pris dans ses bras.

— Tu es toujours magnifique pour moi, quel que soit l’aspect que tu m’offres. Regarde, ma main est posée sur ta cuisse depuis le début du repas. Je n’arrive pas à me détacher de toi, j’ai besoin de garder nos peaux en contact, de sentir que tu es près de moi. Quand je te touche, j’ai envie de toi. Depuis que tu m’as pris dans tes bras, je n’ai plus qu’un désir : que nous allions au lit.

Leurs lèvres se scellèrent et ils connurent leur premier baiser, ils s’enflammèrent, mais, une nouvelle fois, la voix de Lucifer les stoppa. Damon et Julien gémirent de frustration.

— Oh merde ! On a oublié ce que ça fait quand on rencontre son destiné ! Ils ont besoin de s’enfiler à tout va et nous, nous les retenons avec un repas…

— Tu ne peux pas nous blâmer, l’apaisa Gabriel, il y a tant de millénaires que ça nous est arrivé.

Damon et Julien se tournèrent vers eux, sidérés.

— Vous êtes des destinés ? Vous vous aimez ! constata Damon.

— Bien sûr, acquiesça Gabriel. Est-ce si étonnant ?

Le démon arbora une moue gênée.

— Je ne te connais pas assez pour que ça me surprenne de ta part, expliqua-t-il, mais jusqu’à ce soir, je n’ai jamais pensé que Lucifer était capable d’éprouver des sentiments.

Ce dernier baissa la tête.

— Je ne me suis pas montré à toi sous mon meilleur jour, je le reconnais, mais nous avons tous les siècles à venir pour améliorer notre relation. Je… j’ai toujours été trop dur avec toi, je voulais que tu me ressembles, que tu me prolonges… je n’ai pas tenu compte du destin.

— Bien ! Il est temps pour nous de partir et de vous laisser à vos petites affaires, intervint Gabriel.

— Tu peux dire qu’il est l’heure pour eux de baiser comme des cochons, le corrigea Lucifer.

— Toi, tu es un peu trop agaçant pour moi, ce soir. Je te promets que ce que tu vas prendre va te calmer.

Lucifer s’esclaffa.

— Je n’attends que ça.

Le visage de Gabriel devint rouge. Julien comprit très vite qu’il n’était pas en colère, mais plutôt impatient. Pourtant, il lui restait une question. Il s’adressa à Lucifer.

— Et moi, j’aimerais connaître la signification de votre petite phrase énervée, lorsque vous êtes arrivés.

— Tu peux me tutoyer et m’appeler beau-papa, ricana le patron des enfers. Euh… quelle phrase ?

— Je ne me souviens plus des termes exacts, mais ça ressemblait à « Putain ! Tu as encore gagné, fais chier ! ».

Les deux êtres supérieurs déglutirent, leurs regards s’égarèrent partout dans la pièce, sauf sur leur progéniture.

— Oh ! Je pense que tu as soulevé quelque chose d’important, là, s’amusa Damon. Crois-tu que nous pourrons les faire chanter avec ce qu’ils vont nous répondre ?

Julien lui sourit, il avait envie de taquiner les deux empêcheurs de tourner en rond qui leur faisait face.

— Attendons de savoir ce qu’ils ont à dire. Et peut-être aurons-nous des billes lorsque sera venu le temps, pour nous, de quitter la terre.

Il pivota vers leurs pères. Dieu, que ça lui faisait drôle de penser ainsi !

— Alors ?

Gabriel se racla la gorge, il donna un coup de coude à Lucifer. Ce dernier soupira, avant de répondre.

— Nous avions parié qu’Agthuxaz n’aurait pas les couilles de te dire qui il était sous sa forme de démon. J’étais certain qu’il exécuterait sa tâche et qu’il s’enfuirait.

— Je suis le gentil dans cette histoire, tenta de plaider Gabriel. J’avais confiance en toi, Agthuxaz.

Damon et Julien ricanèrent.

— Vous êtes deux idiots qui pariez sur vos enfants, assena Julien. Allez, barrez-vous !

Heureux de s’en sortir à si bon compte, Gabriel et Lucifer se prirent la main, mais avant de s’effacer, le patron des enfers leur fit face.

— À l’année prochaine, même date, même heure. Vous nous avez si bien reçus que nous ne pouvons que recommencer chaque année. Joyeux Noël !

Dès qu’ils disparurent, Damon et Julien soufflèrent de soulagement. Puis, soudain, ils prirent conscience de ce qu’avait dit Lucifer, avant de s’en aller.

— Ils vont revenir chaque année, n’est-ce pas ? soupira Julien.

Damon grimaça.

— Oui, mes rêves de réveillon à deux et d’intimité sont terminés.

— Il vous reste celui du Nouvel An, chuchota la voix, venue de nulle part, de Gabriel.

— Eh bien, pour le désir d’intimité, tu peux repasser, maugréa Julien, même quand ils ne sont pas là, ils le sont quand même.

— On s’en fout ! s’irrita Damon. On va au lit ! J’ai besoin de rattraper le temps perdu, je veux te faire l’amour. Et si les deux fossiles qui nous servent de pères espèrent y assister, tant pis pour eux !

— Je t’avais bien dit de te taire, crétin ! grommela la voix de Lucifer. Maintenant, ils vont sentir notre présence.

— C’est pour ça que je l’ai fait, triple idiot ! Je ne veux pas voir mon Camaël en pleine action avec ton fils ! Zou, à poil ! Nous aussi, nous allons au lit.

Épisode 10 : Les êtres supér… chiants (encore !)

Julien se réveilla avec le lever du jour, sa nuit avait été extraordinaire. Bien sûr, il y avait eu du sexe, énormément de sexe, mais ils avaient aussi beaucoup parlé, de tout, d’eux, du dernier mois écoulé, de leurs rêves et de leurs envies. À cet instant, il n’avait qu’un désir : leur préparer un petit déjeuner prodigieux qu’ils prendraient au lit. Il se leva et sans attendre, il se dirigea vers la cuisine. Sur le chemin, il passa devant le mur où Patrick était resté épinglé toute la soirée de la veille. Il s’arrêta. Le papier peint ne gardait aucune trace et lui aussi avait déjà oublié son ex-compagnon. Il s’étonnait lui-même de ne même pas s’être inquiété qu’il soit scotché au mur de son salon pendant tout leur repas. Ensuite, il avait été si pressé de concrétiser sa relation avec Damon qu’il n’avait pas pensé à vérifier si Lucifer l’avait bien emmené comme il l’avait promis.

Il se secoua et reprit sa marche vers sa destination première. Peu importait le destin de Patrick. Ce qui comptait pour l’instant, c’était de cuire des crêpes et de faire griller le pain. Sa machine à café était rapide, il s’en occuperait au dernier moment. Son attention focalisée sur ce qu’il faisait, il ne vit pas Damon le rejoindre presque en courant.

— Tu vas bien ? s’inquiéta ce dernier.

— Tu vas bien ? s’inquiéta ce dernier.

Julien se tourna vers son amant, un peu surpris.

— Bien sûr, pourquoi ça n’irait pas ?

Damon l’inspecta en le palpant partout avec un stress angoissé, il lui fit même soulever les bras, avant que Julien se recule et l’empêche de continuer.

— Attends ! Qu’est-ce qui se passe ?

— Je suis désolé, geignit Damon. J’avais tellement envie de toi, je n’ai pas pensé que je pouvais te faire du mal… J’étais si frustré, tu comprends.

— Euh…, hésita Julien, moi, ce dont je me souviens, c’est plutôt que nous nous sommes fait du bien mutuellement, cette nuit. Pourquoi crois-tu que tu m’aies fait mal ?

Damon grimaça, il allait devoir expliquer son ancien travail plus en détail et ça ne lui plaisait pas du tout.

— Depuis que Lucifer m’a envoyé sur terre, ma mission est de lui expédier les âmes mauvaises. Mais pour les tuer, je devais… euh… enfin, c’est quand je couchais avec eux qu’ils mourraient. Et c’est ça qui les faisait le plus souffrir…

— Eh bien, je peux t’assurer que moi, je n’ai pas eu mal du tout ! s’esclaffa Julien. Comment t’expliquer ça, sans que tu prennes la grosse tête ? Je peux te dire que ce matin, j’ai le pas léger, l’humeur au beau fixe et un sourire épanoui qui ne me quitte plus. Et tout ça, je le dois à notre fantastique nuit. Donc, ne t’inquiète pas, tout va bien.

Damon soupira d’abord de soulagement, avant de se renfrogner et de souffler de dépit.

— Et dire que tu es mon fils ! grogna la voix de Lucifer. Bien sûr que tu n’allais pas le faire souffrir en couchant avec lui. Tu es là pour le protéger, nom d’un Cerbère !

— Excuse-moi de ne pas être habitué, râla Damon. Tu m’as plutôt appris à faire le mal avec ma bite !

Un rire tonitruant leur vrilla les oreilles et les deux amoureux ne purent s’empêcher de l’accompagner.

— Bon, reprit Damon quand il fut calmé, maintenant, va-t’en ! J’ai senti ta présence avant même que tu parles.

— Moi aussi, ajouta Julien.

— Satané Gabriel ! Il a fallu qu’il vous apprenne à nous repérer, forcément, ça va être beaucoup moins marrant !

— Euh… Il est là, l’informa Julien. Ton radar à Gabriel est détraqué, beau-papa !

— Oui, je suis derrière toi, Chéri. Bonjour les enfants !

— Euh… Vous allez venir tous les jours ? grommela Damon.

— Non, mais quand l’un de vous a un problème, nous sommes appelés à vous soutenir, c’est notre rôle, expliqua Gabriel.

Julien grimaça.

— Notre souci est réglé. Alors, dégagez ! Au revoir !

— Bon sang ! Je croyais qu’un ange était toujours poli, grogna Lucifer.

— Pas si on l’exaspère, tu le sais très bien ! Et là, il me semble qu’on a dépassé les bornes. Laissons-les tranquilles, nous reviendrons quand leur lune de miel sera terminée.

— Eh bien, j’ignore si je serai poli après avoir quitté cette terre, mais jusqu’à présent, quand je m’énerve, je ne le suis pas du tout, leur précisa Julien. Si vous voulez connaître mon répertoire personnel de gros mots, pointez-vous toutes les cinq minutes et vous verrez !

— Je crois qu’ils ont bien compris que tu en avais marre, là ! s’esclaffa Damon.

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