Pour l’Amour d’un Ange (épisode 11)

Enfin seuls et prêts à être heureux, voilà ce qu’espèrent les héros de Pour l’Amour d’un Ange. Tout se passera-t-il comme ils le désirent ?

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Pour l’Amour d’un Ange
Épisode 11 : Vacances

Désormais seuls, ils s’embrassèrent avec tendresse. Mais une odeur désagréable vint les déranger. Julien se précipita vers sa poêle dont le contenu était cramé. Damon ouvrit les fenêtres en grand et quand la fumée fut enfin évacuée de la cuisine, ils préparèrent ensemble leur repas.

La suite de la journée ne fut que la concrétisation des rêves de Damon, le lit à la senteur de Lilas accueillit non seulement leur petit déjeuner, mais aussi une nouvelle salve d’ébats tous plus ardents les uns que les autres. Le sapin assista également à une session de sexe débridé.

Et le soir, ils avaient dîné à table, seulement éclairés par la lueur des bougies. C’était le moment le plus fort pour Damon, sans doute parce qu’il effaçait la douleur qu’il avait ressentie en dressant le couvert, la veille. Il soupira d’aise, son bonheur était absolu.

— Tu sais, au moment où je me suis approché de toi quand tu étais allongé dans ton allée, j’ai eu la vision de tout ce que nous avons vécu aujourd’hui. Pourtant, je n’ai aucun don de divination.

— Ah oui ? s’étonna Julien. As-tu eu l’intuition d’autre chose ? Je suis apparemment un ange sans pouvoir. Donc, si tu pouvais me refiler des tuyaux sur l’avenir, ça m’arrangerait.

— Oh ! C’est vrai, il y avait cette image de nous qui marchions main dans la main avec les pieds dans la neige. Mais ici, en ce moment, c’est plutôt pluie et verglas, alors c’était peut-être plus une envie qu’une vision.

— Mon cadeau ! s’exclama Julien. Je… en fait… j’avais prévu un séjour au ski… Patrick m’avait dit qu’il aimait ça. De toute façon, c’est râpé, un de mes clients veut que je me rende à l’agence, mardi matin. Et ça ne va pas être marrant, il vient pour hurler, je crois.

Damon se renfrogna. Non seulement il désirait être dans la neige avec Julien, mais en plus, il ne supportait pas l’idée que quelqu’un lui crie dessus.

— Alors, je t’accompagnerai ! Je serai là pour te protéger.

— Pas question ! Je n’ai pas besoin de toi quand je suis au travail. Je suis un grand garçon, je vais me débrouiller. Je refuse que tu me fliques à chaque instant et que tu t’en prennes à la moindre personne avec qui j’aurais un petit différent.

Damon grogna.

— Tu as entendu nos pères. Je suis destiné à te protéger.

— Oui, si quelqu’un veut me tuer. Mais Demanche n’envisage pas de m’assassiner, il vient pour râler. Je ne cours aucun danger.

— De toute façon, si c’est le cas, je le saurais. J’ai repensé à ce que j’ai ressenti hier quand Patrick t’a attaqué. Ce n’était pas comme d’habitude, je n’ai pas eu besoin d’être près de ma cible pour être appelé.

Cette fois, ce fut Julien qui bouda. Au travail, il subissait les bons vouloirs de ses chefs et de ses clients, mais voilà que maintenant, il avait un compagnon qui, à la moindre alerte, interviendrait dans sa vie sans sa permission.

— Et moi, je te dis que si je te vois te pointer à mon boulot, c’est moi qui vais t’occire !

— Si je dois venir, je viendrais, tu n’y pourras rien !

— Pas question qu’à la plus petite sensation d’hostilité envers moi, tu arrives pour dézinguer quelqu’un qui n’a rien fait d’autre qu’être en colère, hurla presque Julien.

— Je ferai ce que…

— Gaby chéri ! On peut revenir, leur lune de miel est terminée, surgit la voix de Lucifer.

— Mais laisse-les tranquilles, bon sang !

— Hé, Beau-papa ! Tu n’as pas du travail, s’énerva, un peu plus, Julien. Il me semble que tu devrais être en train de punir mon ex là, au lieu de me faire chier !

— Ne t’inquiète pas, Camaël, je me charge de lui, c’est moi qu’il provoque… Allez, viens, toi, je crois qu’une bonne discussion s’impose.

— Seulement de la parlotte… pff

— Eh oui ! Je sais comment agir pour vraiment te châtier !

Julien fit face à Damon, un peu plus agacé par l’intervention des deux casse-pieds.

— Tu vas être aussi chiant que ton père ?

Damon haussa les épaules, puis il croisa les bras, avant de répondre d’un ton bougon.

— Je suis un démon. À quoi t’attendais-tu ?

— Sans doute à quelqu’un qui ne me ferait pas chier !

La dispute reprit de plus belle, chacun d’eux refusant de céder. Les échanges de phrases incendiaires toutes plus dures les unes que les autres se multiplièrent jusqu’au moment où Julien sentit que tout ça allait trop loin.

— Stop ! hurla-t-il.

Damon, surpris, se tut au milieu de sa diatribe.

— C’en est assez ! expliqua Julien d’un ton sans réplique. Demanche devra faire avec, et toi aussi ! Si tu ne peux pas contrôler ton instinct de protection, alors, pour cette fois, je dois agir différemment.

Puisqu’il avait prévu des vacances, ils allaient en profiter ! C’était idiot de perdre cette réservation. Après tout, il n’était pas obligé d’accourir au moindre sifflement de son client. Il pouvait le prendre de court.

— À partir de maintenant, on joue à ma façon ! assena-t-il. Demain matin, on part à la montagne, comme je l’avais planifié !

— J’aime bien quand tu es autoritaire, susurra Damon, qui semblait calmé, lui aussi.

Julien vint se lover contre lui. Il l’embrassa dans le cou avant de s’écarter pour croiser son regard.

— Quand je dis que tu es comme ton père, s’esclaffa-t-il.

Il s’éloigna d’un pas, en souriant d’un air moqueur. D’un mouvement vif, il montra la direction de la chambre.

— Zou ! Au lit ! Il paraît que le sexe de réconciliation est le meilleur.

Damon fila comme s’il avait le feu aux fesses et Julien le suivit en riant.

***+*+***

Damon était heureux. Ce matin encore, la luminosité extérieure le réveillait en douceur. Il ouvrit les yeux et observa la vue sur la magnifique montagne enneigée que leur offrait la baie vitrée de leur chambre et un sentiment d’apaisement incroyable le fit soupirer d’aise.

Depuis leur arrivée dans cet hôtel club, ils avaient dîné au restaurant en amoureux, s’étaient promenés dans des paysages superbes, main dans la main, exactement comme dans sa vision.

Le premier soir, ils avaient même dessiné des anges dans la neige avec leurs corps. Debout devant leurs silhouettes creusées, Julien les avait contemplées pendant quelques secondes avant d’éclater de rire.

— Si on t’avait dit qu’un jour, tu serais un ange, s’était-il moqué.

— C’est toi qui déteins sur moi, avait répliqué Damon.

Julien s’était approché en souriant, espérant sans doute l’embrasser, mais Damon se sentait d’humeur taquine. D’une légère poussée, il l’avait fait tomber et tous les deux avaient roulé dans la neige. Durant quelques minutes, ils avaient lutté pour être celui qui prendrait les rênes de ce corps à corps joueur. Mais leur bagarre ludique s’était terminée en un long baiser langoureux.

— Et maintenant, je suis pressé d’enlever mes vêtements mouillés, avait murmuré Julien, et de me mettre au lit contre le corps tout chaud de mon ange.

— Tu es insatiable !

— Je suis amoureux !

Cette simple phrase avait tout révolutionné en lui. Damon avait soudain réalisé qu’il l’était aussi, mais surtout, il était heureux. Bouleversé, il s’était revu quelques jours plus tôt, alors qu’il se lamentait sur l’impossibilité de vivre ne serait-ce qu’une seule nuit avec Julien. En à peine une soirée, toute son existence avait été transformée et jusqu’à cet instant, il n’avait pas tout à fait pris conscience que c’était une bénédiction.

— Moi aussi, je suis amoureux, murmura-t-il, même si tu es un démon autoritaire !

— Quoi ?

— Tu as décrété que demain nous ferions du ski, avait geint Damon.

— Tu peux choisir le snowboard si tu préfères.

— Que je descende des pentes sur une ou deux planches, je ne vois pas ce que ça pourrait changer.

— Je ne veux pas y aller seul ! Et j’adore skier, donc, nous reviendrons chaque année. Tu dois apprendre !

— Qu’est-ce que je disais ? avait répliqué Damon en riant. Un vrai démon autoritaire !

Cette dernière pensée lui rappela que c’était aujourd’hui qu’il devait dévaler des pistes enneigées avec, aux pieds, des trucs glissants. Allongé sous la couette, il frissonna, mais tenta de rester immobile pour ne pas déranger Julien. Plus il retardait ce moment, mieux c’était.

Soudain, il prit conscience qu’il était seul dans le lit. Tout d’abord, il se sentit soulagé, mais très vite la situation lui sembla suspecte. Il n’avait que quelques nuits pour juger, mais peu importe, il pouvait affirmer que le premier plaisir de Julien, lorsqu’il se réveillait, était de le cajoler et de l’embrasser. Pendant quelques secondes, l’image de son compagnon qui se collait contre son dos lui traversa l’esprit. D’abord, il lui déposait des petits bisous sur l’épaule, ensuite, il le caressait avec légèreté. Enfin, ses attouchements se faisaient plus précis et insistants, à la recherche d’un répondant qu’il obtenait sans peine. Dès que c’était le cas, Julien l’attirait dans une étreinte plus érotique.

— Dieu ! Que ça me manque, ce matin ! grommela-t-il, frustré.

Il ne pouvait pas prétendre que l’absence de Julien le blessait. En si peu de jours, ils n’avaient pu prendre aucune habitude. Pourtant, il pouvait affirmer qu’il était déjà dépendant de sa manière de le réveiller. S’il y avait bien quelque chose qu’il souhaitait devenir immuable dans leur quotidien, c’était ça !

— Bon sang ! On est mardi, grommela-t-il. Ce démon m’a entourloupé avec sa nuit plus qu’agitée, j’en suis sûr.

Sans attendre, il se leva et s’habilla aussi vite qu’il le put. Il devait trouver son compagnon rapidement. Dans le hall, il inspecta chacun des recoins et dérangea même deux adolescents bien cachés derrière une plante qui se bécotaient comme si leur vie en dépendait. Inquiet, il parcourut toute la salle du petit déjeuner, avant de comprendre que Julien avait sans doute quitté l’hôtel.

Agacé, il sortit en se demandant comment il allait bien pouvoir le retrouver. Il marchait d’un pas coléreux lorsqu’il entendit la voix de Julien :

— Bien sûr que je suis là ! Je n’aurais manqué ça pour rien au monde, tu le sais.

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