Dans ce quatrième épisode de Pour l’Amour d’un Ange, vous découvrirez enfin la décision de Damon.
Pour l’Amour d’un Ange
Épisode 4 : Décision
Malgré sa culpabilité à l’idée d’envoyer Julien subir les tortures des démons de Lucifer, Damon n’hésita plus, il ne pouvait pas le laisser endurer le froid plus longtemps. Même s’il devait le tuer, au moins, il l’aurait possédé une fois et il le ferait bien, Julien mourrait en prenant du plaisir. Pas question de le faire souffrir.
— Si tu sors par la porte, Julien saura que tu étais chez toi, geignit-il.
Il décida de passer par son jardin et de se faufiler pour faire semblant de venir du bout de leur impasse. Quand il ne fut plus qu’à quelques dizaines de mètres, il le vit, sa position n’avait pas changé. Julien regardait toujours vers sa maison, sans doute prêt à lui adresser une nouvelle bordée d’injures. Damon, emporté par une multitude d’émotions, marqua un temps d’arrêt pendant lequel il pria tous les Dieux qu’il connaissait pour que Julien ne soit pas sa cible.
***+*+***
Le téléphone de Julien sonna dans sa poche de manteau. Il se traita d’imbécile. Pourquoi n’avait-il pas pensé à appeler quelqu’un ? Il aurait reçu de l’aide très vite, alors que ça faisait près de vingt minutes qu’il gisait seul sur le trottoir et dans le froid. Pressé d’être secouru, il décrocha sans attendre.
— Vous m’avez viré de votre portefeuille, monsieur Seurant ! Sachez que je n’apprécie que peu de ne pas avoir été prévenu ! râla la voix d’Alexandre Demanche.
Cette fois, ce fut trop. Il n’en pouvait plus de cette journée infernale. Il coupa la parole de son ancien client avec véhémence.
— Excusez-moi, mais je ne vous ai pas viré ! Daniel Druart qui s’occupe désormais de vous est mon supérieur, il ne m’a pas laissé le choix ! Alors, renseignez-vous avant de me hurler dessus ! J’en ai vraiment marre d’être le souffre-douleur de qui a envie de se défouler, ça commence à bien faire ! Merde !
À l’autre bout de la ligne, le silence s’éternisa et Julien pensa qu’il était sans doute allé trop loin. Après tout, si Demanche informait ses chefs de son éclat, il ne garderait pas son job très longtemps.
— Pourquoi a-t-il exigé mon transfert ? s’enquit Alexandre d’une voix plus posée.
— Peut-être parce que vous êtes notre plus gros client et qu’il n’est pas très heureux que son subordonné soit votre gestionnaire. Qu’est-ce que j’en sais ? Il s’est pointé dans mon bureau, il m’a fait part de la nouvelle et a demandé à mon assistante de lui donner tous les documents vous concernant.
— Bien, j’ai désormais deux versions différentes. D’après Druart, vous auriez trop de travail et vous ne pouviez plus vous occuper de moi. Qui peut me confirmer vos dires ?
— Nathalie, en plus, elle m’a entendu refuser et proposer d’autres clients… Elle pourra même vous dire lesquels puisqu’elle s’était empressée de réunir leurs dossiers en pensant que j’aurais gain de cause. Et ils doivent encore être dans le classeur à ranger. Nous avons fini plus tôt aujourd’hui, c’est le réveillon.
— Bien. Rendez-vous mardi matin à neuf heures précises. C’est bien l’heure d’ouverture de l’agence ?
— Oui, mais je suis en vacances…
— Eh bien, je vous attendrai quand même. Joyeux Noël ! grommela Alexandre avant de raccrocher.
***+*+***
Damon s’avança vers Julien, mais le téléphone de ce dernier sonna et ses efforts pour dissimuler le fait qu’il était présent chez lui depuis le moment de sa chute devinrent inutiles. En pleine conversation, son voisin ne lui prêtait aucune attention. Damon sourit, amusé, cette fois sa colère était dirigée vers quelqu’un d’autre. Quand enfin, l’homme allongé au sol regarda son écran d’un air hébété, Damon poussa un cri de surprise pour que Julien sache qu’il était là, même s’il garda une bonne distance.
— Oh ! Que vous est-il arrivé ? s’inquiéta-t-il.
Il se réjouit de son talent naturel pour jouer la comédie aux âmes mauvaises, puis il se rembrunit. Dans quelques secondes, il apprendrait toutes les actions infectes de Julien. À quoi bon tricher encore ? Il était incapable de simuler quand il connaissait les actes d’un malfaisant, sa colère prenait le dessus et si besoin était, il le torturait jusqu’à ce qu’il lui avoue ce qu’il avait fait de sa future victime. Ensuite, il le mettait à mort et s’empressait de libérer le pauvre martyr. Enfin heureux, il retournait près de Lucifer pour obtenir sa prochaine mission.
— J’ai juste eu une envie subite de faire une sieste, grogna Julien, d’un ton ironique. Vous n’étiez pas chez vous ?
Damon sentit le doute dans l’inflexion rêche de la voix de son voisin, mais il ne s’en préoccupa pas. Ils habitaient si près l’un de l’autre que chacun d’eux savait presque en permanence où l’autre se trouvait. Et lui, pour son job, il devait surveiller sa cible et il ne quittait jamais sa maison quand celle-ci était chez elle. Julien ne pouvait pas ignorer qu’il était présent à son domicile, ce soir. En revanche, il ne savait pas qu’il passait ses journées à tenter de découvrir un moyen d’être relevé de sa mission sans l’avoir tué.
— Non, mentit Damon, en s’approchant avec une lenteur exagérée. J’avais envie de me promener.
— Par ce temps ? Vous êtes maso ?
Le démon ne put s’empêcher de s’esclaffer. Si on parlait en ces termes, son rôle était plutôt à l’opposé, même si dans son cas, il n’y avait jamais de consentement ni de mot de sécurité. Il cessa de marcher juste à la distance limite pour ne pas sentir l’odeur de Julien, il avait besoin de discuter encore quelques minutes avec lui.
— Comme vous pouvez le constater, je suis tombé…
— Êtes-vous blessé ? l’interrogea Damon.
— Je ne sais pas. Je suis une poule mouillée en ce qui concerne la souffrance et dès que je bouge, le bas de mon dos me lance. J’ai des éclairs de douleur qui me font retomber sur le sol.
Damon y vit l’occasion de se sauver de cette situation impossible.
— Oh ! Je ne peux pas vous déplacer, alors. Un docteur ou une ambulance, plutôt, oui c’est ça, je vais appeler une ambulance, ce sera mieux.
— Je me fiche que vous appeliez un médecin, une sage-femme ou un prêtre pour l’extrême onction. Mais s’il vous plaît, aidez-moi à rentrer au chaud.
Le ton suppliant fit fondre Damon. Il soupira. Voilà une demande si poignante qu’il ne pouvait pas la refuser. Il tenta tout de même de gagner quelques minutes.
— Je risque de vous blesser plus. Le dos c’est… Enfin, vous comprenez, je ne voudrais pas être responsable de l’aggravation de votre état. Avez-vous une planche ou quelque chose sur lequel je pourrais vous transporter sans trop vous obliger à bouger ?
— À part l’ancienne porte d’entrée qui est dans la remise du jardin, je ne vois pas.
— Ça fera l’affaire.
Damon contourna Julien en maintenant une bonne distance. Il se précipita vers le chalet de bois et souleva la porte qu’il amena lentement vers Julien. À nouveau, il s’accorda une pause pour ne pas sentir l’odeur de Julien, mais cette fois, il n’avait plus aucun argument pour reculer le moment. Alors, il reprit sa marche d’un pas vif. Tant pis, ce qui devait être fait serait fait !
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